Derrière ce titre provocateur se cache un message profondément ancré dans notre société, et amplifié par les média sociaux. Il faut paraître en forme et sain d’esprit. Il faut montrer que l’on est épanoui, que l’on s’intéresse à la science, au développement personnel, à la culture ou encore à la politique.
Mais que fait-on de ses problèmes ? A qui confie-t-on nos faiblesses ? Le psychologue pour certains, un confident pour d’autres. Au final, nombreux sont ceux qui restent convaincus qu’il faut être fort et garder ses problèmes pour soi. Et les enfouir profondément. Nous avons tous des faiblesses, mais la société ne veut pas les voir.
Beau et fort : un instinct inconscient
Il a toujours fallu être puissant et fort : pour devenir chef de clan, pour prouver son utilité au sein d’un groupe, pour montrer aux femmes que l’on sera capable de protéger leurs enfants, pour montrer aux hommes que leurs enfants seront également beaux et forts. Progressivement, le critère évolue : l’intelligence remplace peu à peu la force, mais le principe reste le même.
Il faut être parmi les meilleurs.
Et pas malade non plus
Lorsqu’ils sont un peu malades, les japonais mettent un tissu devant la bouche (masque chirurgical), pour éviter de contaminer leur entourage. Ce geste, pourtant simple et plein de bon sens, n’est pas reproduit en Occident. Pourquoi ? Parce qu’on n’a pas le droit de tomber malade. Ou alors, il faut que ce soit très grave.
Et pas fou non plus
À une certaine époque, les fous étaient brûlés sur le bûcher. Forcément, cela laisse des traces…
Nous recherchons la « validation sociale »
La « validation sociale », c’est une mesure très subjective de l’acceptation d’une personne par la société. L’homme étant un animal très social, nous recherchons constamment cette approbation de notre entourage.
La validation sociale nous réconforte, nous sécurise. Mais pour certains, elle est difficile à obtenir. Ce phénomène provoque ainsi la peur du rejet, la peur de l’exclusion.
Pourtant, les faiblesses nous humanisent
Paradoxalement, je me sens toujours plus proche des personnes qui assument leurs défauts. Plus proche de celles qui ne dissimulent pas leurs faiblesses. Et je pense être loin d’être le seul. Personne ne s’identifie vraiment à ceux qui paraissent parfaits. Avoir des problèmes, c’est plus humain.
Qu’y a-t-il de plus intense que quelqu’un qui vous confie son mal être ? Qui vous admet son désespoir. Qui vous demande du soutient. Qui vous demande simplement de le comprendre…
Pourtant, ces moments sont rares. Les problèmes, lorsqu’ils ne sont pas simplement refoulés, sont généralement confiés à une très petite poignée d’élus (psy ou ami très proche).
Statistiquement, vos amis sont loins d’être parfaits…
Il y a de grandes chances que parmi vos connaissances se cachent des problèmes psychologiques, des maladies chroniques, de l’épuisement, ou encore du stress. Souvent beaucoup de stress.
Avez vous déjà vu quelqu’un admettre : « je suis dans l’incapacité de gérer mon stress » ? Cela arrive, mais rares sont ceux qui ravalent suffisamment leur fierté pour l’admettre. La fierté ou encore la peur du rejet, car il faut être à la hauteur afin de conserver une certaine validation sociale.
Les groupes de soutien
Que fait-on quand la coupe est pleine ? Que l’on en peut plus parce que nos problèmes nous dépassent ? On fréquente alors un groupe de soutien, généralement constitué d’autres personnes qui ont des problèmes similaires.
C’est une solution très efficace. Le simple fait de partager ses faiblesses enlève instantanément un poids de la conscience. On s’encourage alors les uns les autres, et on remonte la pente, entre gens à problèmes.
Aujourd’hui, les groupes de soutien sont de plus en plus dématérialisés. Il est beaucoup plus simple de trouver de tels groupes sur internet (forum, groupes privés sur Facebook, etc.). Il est également plus facile de mettre ses mots par écrit. Encore que…
Le problème ? Au moment où l’on considère un groupe de soutien, il est déjà bien trop tard. Il aurait été bien plus efficace d’agir avant. Mais pour ce faire, il aurait fallu que vous partagiez vos petits problèmes. Or, tant qu’on peut les dissimuler, on le fait. C’est seulement quand il est déjà trop tard que l’on commence à chercher un solution.
Partager ouvertement ses faiblesses ?
Nous partageons ouvertement les heureux événements sur les réseaux sociaux :
- Mariage
- Naissance
- Diplôme
- Embauche
- Photos de vacances
- Apéro avec les amis
- Etc.
Mais d’autres événements n’apparaissent pas :
- Fatigue
- Maladie / Problème de santé
- Déprime / Dépression
- Handicap
- Fausse couche
- Licenciement
- Séparation
- Deuil
- Etc.
Ou parfois. Notamment des célébrités qui dévoilent au grand jour leur maladie. Cela a commencé avec le SIDA, et continue aujourd’hui avec la fibromyalgie, etc. Oui mais… car il y a un mais ! Ces personnes là possèdent déjà une validation sociale très élevée.
Il est plus facile de se dire atteint de fibromyalgie quand on a des millions de fans comme Lady Gaga, que quand on possède une fragile poignée d’amis. Bon. Bien que plus facile, cela reste probablement très difficile pour tout le monde.
Dans tous les cas, ces révélations de célébrités, qui dévoilent leur faiblesses, sont un bel exemple à plusieurs niveaux. Cela encourage les autres à les imiter en partageant leur handicap. Et cela permet à certaines pathologies d’obtenir plus de reconnaissance. La Fibromyalgie est un très bon exemple car elle a longtemps été dénigrée comme maladie imaginaire.
Faut-il se lancer ?
Evidemment, la décision appartient à chacun.
Les point de blocage que l’on retrouve souvent sont :
- « je ne veux pas que le regard des autres change »
- « je ne veux pas provoquer la pitié »
- « j’ai peur qu’on se moque de moi »
- « j’ai peur de ne pas être pris au sérieux »
- « j’ai peur que les gens me fuient »
Beaucoup de peur.
Avant de se lancer, un travail personnel est nécessaire. Il faut être prêt. Il faut être capable de se détacher du regard des autres. Plus rien ne vous atteint, parce que vous vous êtes accepté tel que vous êtes. Vous n’avez pas besoin de cette « validation sociale ».
Perdre des amis est une possibilité. Mais étaient-ce alors vraiment des amis ? C’est peut être le moment de faire le ménage dans ses relations. Ou de rencontrer de nouvelles personnes. Il faut accepter que les choses changent pour pouvoir avancer.
Et si c’était le contraire ? Et si vous affichiez ouvertement une faiblesse et que tout à coup, une de vos connaissance réagisse : « Hey, mais moi aussi j’ai des problèmes ! ».
Attention à l’excès inverse : les gens ne sont pas des psy !
Certaines personnes tombent dans l’excès inverse. Une fois leur problèmes avoués, ils ne cessent d’en parler, comme s’ils étaient face à leur psychologue. Si votre interlocuteur ne vous pose pas de question depuis 30 minutes, c’est probablement qu’il est temps de changer de sujet ! Au risque de faire fuir les plus compréhensifs de vos amis…
Prenons exemple sur les infos
Le journal du soir est le parfait contraire des médias sociaux : il partage toute la misère du monde. On dirait qu’il n’y a jamais de bonne nouvelle ! Guerre, massacre, attentat, catastrophe naturelle, réchauffement climatique… C’est toujours dramatique.
On aurait donc des individus qui affichent ouvertement leur bonheur, dans un monde dont on ne voit que le malheur ? Quelque chose cloche !
Le petit mot de la fin
Je ne suis pas un donneur de leçon. Je suis le premier à ne partager que les beaux aspects. Et donc à donner le mauvais exemple. Parfois, voire même souvent, tout va très bien. Mais quand le moral baisse, j’ai tendance à le garder pour moi. Je ne suis donc pas en train de vous dire quoi faire. Cet article est juste une réflexion.
Et si on affichait autre chose que nos photos de vacances ? Et si on échangeait ouvertement nos problèmes et nos faiblesses ? Et si on n’avait plus peur de le faire ?
Ça donnerait quoi ?
Iriez vous chez le médecin avant de tomber malade ? Cela peut paraître stupide car nous vivons dans une société où l’on nous apprend qu’il faut commencer à agir quand il est déjà trop tard. Partager ses petits problèmes avant qu’il ne soit trop tard, c’est déjà commencer à s’en occuper.
Je pense qu’internet est malheureusement complètement déréglé. On ne voit d’un côté que les malheurs de la planète, et de l’autre le prétendu bonheur de ses habitants. Si nous partagions un peu plus nos problèmes et nos faiblesses, peut-être aurions nous un résultat cohérent, et surtout plus humain.
Oui mais… Qui se lance ? Moi ? Vous ? Ensemble ?