J’ai pu voir sur YouTube, une homme de moins de 40 ans témoigner : il avait des douleurs chroniques. D’abord au cou, puis dans les mains, et surtout dans les doigts. À tel point qu’il ne pouvait plus jouer de guitare, ni même écrire. Les médecins ne trouvaient aucune solution et lui expliquaient qu’il allait devoir apprendre à vivre avec, car c’était pour la vie. Certains y trouvaient carrément des explications farfelues, comme un espace trop étroit autour des nerfs… Et comme si ça ne suffisait pas, à cela s’ajoutèrent des problèmes de peau, et de digestion.
Avec le temps, il remarqua que les douleurs n’étaient pas toujours cohérentes : il lui était possible de soulever des objets lourds, mais pas d’écrire. Il décida alors, après 8 ans de souffrances incomprises, de faire des recherches sur le sujet.
C’est ainsi qu’il tomba sur le travail de John Sarno et commença se focaliser sur ses émotions. Notamment au moment où la douleur s’intensifie : « À quoi je pense ? Qu’est-ce que je ressent ? Quels sont les obstacles en face de moi ? » En se concentrant ainsi, il pu réduire ses symptômes, puis, avec du temps, les faire totalement disparaître. Parce qu’il avait compris que la douleur était crée par son cerveau.
John Sarno – Tension myositis syndrome (TMS)
Le professeur de médecine américan John Sarno avança le principe suivant :
Les cas non traumatiques de douleur chronique sont les manifestations physiques d’une anxiété psychologique profondément ancrée.
John Sarno
En simple : si vous avez une douleur chronique qui ne vient pas d’un traumatisme, c’est que c’est probablement dans votre tête ! Non pas que vous soyez fous. Mais il est possible que votre cerveau qui décide, sans raison physique apparente, que vous avez mal. Pourquoi ferait-il cela me direz vous ? Et bien pour vous faire passer un message : il est temps de vous occuper de vous-même.
Pour votre culture, il a alors baptisé ce phénomène avec un nom bien compliqué : le Syndrome de myosite de tension (ou TMS en anglais, pour Tension Myositis Syndrome).
Ce phénomène s’applique fréquemment pour les troubles suivants :
- Mal de dos
- Maux de tête
- Fibromyalgie
- Troubles gastro-intestinaux
Il y a donc les douleurs chroniques, mais pas uniquement !
John Sarno a conduit une étude en 1982 sur 177 patients atteints de douleurs chroniques. La douleur a disparu pour 76 % d’entre eux ! Rebelote en 1987, en se focalisant sur 109 personnes ayant des douleurs dans le dos. Le succès fut ici de 88 % !
Il est alors possible de voir son état s’améliorer par la prise de conscience que la douleur est psychosomatique. Bon, en vérité, la prise de conscience ne suffit pas vraiment. Il faut également travailler régulièrement sur cette prise de conscience pour que les symptômes s’atténuent, mais nous y reviendrons.
Voici la liste des problèmes qui accompagnent souvent le TMS :
- mauvaise alimentation
- manque de sommeil
- croyances limitantes
- mouvements non naturels
- reclu de la société
- perception exagérée de la douleur
- anticipation de la douleur
- respiration superficielle
- anxiété
- manque de mouvement
Le Dr Howard Schubiner
Afin d’approfondir le travail du professeur Sarno, le médecin Howard Schubiner a mis au point tout un protocole thérapeutique, nommé EAET (Emotional Awareness and Expression Therapy, ce que j’espère traduire correctement par : Thérapie par la prise de conscience et l’expression émotionnelles). Ce programme utilise ainsi les méthodologies de recherche les plus récentes pour traiter les personnes qui souffrent de TMS (Tension Myositis Syndrome).
Il a d’ailleurs mené,en 2010, la première étude1 de recherche contrôlée et randomisée dans le domaine du syndrome corps-esprit (ou TMS) pour les personnes diagnostiquées fibromyalgiques. Résultats : en 6 mois, 45,8 % des patients on eu une réduction de la douleur de plus de 30 %, alors qu’aucune amélioration n’a été montrée pour le groupe de contrôle.
En 2017, il conduisit une autre étude2 qui montra que la réduction de la douleur via l’EAET pour des patients fibromyalgiques était bien supérieure aux résultats de la thérapie comportementale et cognitive (CBT – Cognitive Behavioral Therapy). Le pourcentage de patients ayant réduit leurs douleurs de plus de 50 % était : 22,5 % pour l’EAET, contre 8,3 % pour la CBT.
L’EAET en pratique
Tout commence par la prise de conscience que le cerveau peut, à lui seul, créer des douleurs. Ce point de départ est fondamental, mais il ne va pas suffire pour faire disparaître les symptômes. Et oui : réaliser que c’est le désordre dans sa chambre, c’est bien, mais il faut encore ranger par la suite !
L’EAET va donc vous apprendre à ranger votre chambre… ou plutôt votre cerveau ! Comment ? Via divers exercices orientés principalement sur l’expression des émotions.
L’EAET va par exemple aider à identifier et à exprimer ses émotions en s’engageant dans des exercices de jeux de rôles. On peut ainsi utiliser sa voix et son corps pour exprimer directement des sentiments évités ou manquants (colère, culpabilité, amour, etc.)
On peut par exemple penser à une personne avec laquelle on a une relation difficile, et décrire ces sentiments à haute voix comme si la personne était présente.
Vous pouvez également écrire à vous même ou à un proche. Ecrivez par exemple un message à votre mère ou votre père (ou une autre personne proche) et dites-lui tout ce que vous avez toujours voulu lui dire. Puis, rien ne vous oblige à envoyer cette lettre. Même si vous la détruisez après coup, cela devrait vous alléger émotionnellement.
Tenir un journal ou faire une psychothérapie peuvent également être d’un grand secours. Notez vos états d’âmes, ancrez vos émotions sur papier.
En dehors des sessions, les patients sont également encouragés à communiquer de manière sincère avec les personnes qui comptes pour elles. Ils ont également des exercices hebdomadaires :
- écriture expressive
- observation des émotions
- observation des modèles de communication
- s’engager dans des activités qui activent les émotions
Au fil de la thérapie, on évolue. On se redécouvre. On modifie les habitudes destructrices, et on développe d’une nouvelle identité. Plus harmonieuse.
Petit mot de la fin
Je n’aime généralement pas dire que « c’est dans la tête ». J’ai lu trop de témoignages de gens qui se l’entendent dire par leur médecin, tout simplement parce qu’ils ignorent quel est le problème.
Pourtant, dans le cas des douleurs chroniques, il se peut que les symptômes cachent un problème émotionnel et non physique. Mais il ne suffit pas de « se détendre » pour que ça passe. L’EAET est une thérapie puissante qui va chercher les émotions en profondeur.
Vous l’aurez deviné : si vous pensez que l’EAET est faite pour vous, il est très souhaitable de se faire encadrer par des professionnels. Non seulement pour la personnalisation des exercices, mais également pour le soutien moral, indispensable lorsque l’on touche aux émotions profondes.
N’ayant pas de douleurs chroniques, je n’envisage pas l’EAET, mais j’essaye néanmoins de me concentrer sur mes émotions lorsque des problèmes digestifs apparaissent.
Et vous ? Pensez-vous que vos symptômes puissent avoir une origine psychologique ?
Je me sens tellement concernée par cet article. Merci 🙂