Personne ne remet jamais en question nos toilettes. Le trône représente un progrès social qui nous distingue des animaux ou des populations soit-disant plus « primitives ». Le siège de porcelaine est un comfort, et il n’est donc pas question de s’en passer.
Et pourtant…
Il se pourrait que ce si précieux trône soit à l’origine d’un grand nombre de nos problèmes. En effet, la position assise est loin d’être naturelle et nous incite à pousser fort avec le diaphragme pour évacuer, ayant la respiration coupée… jusqu’au plouf libérateur ! Et cette action a un nom : c’est la « Manœuvre de Valsalva », et nous allons voir à quel point elle nous met dedans…
Les toilettes sont-elle vraiment le problème ?
La position assise n’étant pas remise en question dans notre société occidentale, on peut donc imaginer que les problèmes qu’elle engendre (si problèmes il y a) en restent incompris. Or, combien de pathologies de la zone pelvienne se voient chaque jour en constante augmentation sans pour autant qu’on n’en comprenne la cause ?
- Constipation
- Syndrome de l’intestin irritable (IBS)
- SIBO – Prolifération bactérienne de l’intestin grêle
- Appendicite
- Incontinence vésicale
- Colite et maladie de Crohn
- Cancer du côlon
- Diverticulose/Diverticulite
- Troubles gynécologiques
- Endométriose
- Hystérectomie
- Prolapsus des organes pelviens
- Fibromes utérins
- Hémorroïdes
- Hernie hiatale et RGO (reflux gastro-œsophagien)
- Problèmes de grossesse et d’accouchement
- Troubles de la prostate
- Dysfonctionnement sexuel

Vous allez me dire : « la société occidentale est sédentaire et mange n’importe comment, donc tout cela n’a rien d’étonnant ! » Je partage entièrement cet avis, mais cela ne signifie pas que les toilettes ne constituent pas un problème majeur.
Le rôle de l’alimentation
Pour le syndrome de l’intestin irritable, tout comme pour de nombreuses autres pathologies du colon, on a souvent tendance à croire que cela se résume à un problème de régime alimentaire. Notamment parce que l’on ne sait pas quoi incriminer d’autre (et surtout pas nos précieuses toilettes, synonymes de progrès social). Mais en y regardant de plus près, on se rend compte que les populations qui montrent le moins de problèmes du bas ventre ne sont pas celles qui mangent le plus de fibres, mais celles qui défèquent accroupis. On peut par exemple citer le peuple des Massaï en Afrique, qui gardent des troupeaux bovins et sont quasiment carnivores. Les Hindous sont eux végétariens. Aucune de ces deux populations ne présente autant de syndromes du colon irritable, de diverticuloses ou de cancers du colon que les populations occidentales. Et de très loin !
Alors certes, le gluten, les produits laitiers, le sucre et les produits transformés ont probablement un rôle à jouer dans tout cela. Je ne dis pas le contraire. Mais n’allez pas croire qu’une bonne élimination est un simple problème de fibres. Les fibres n’ont rien à voir là dedans.
Retenez plutôt ceci : l’hygiène du colon dépend fortement de l’efficacité d’élimination quotidienne.
Et si c’était génétique ?
Le cancer du sein est environ huit fois plus fréquent chez les femmes noires américaines que chez les femmes africaines, et le cancer du côlon est près de 15 fois plus commun chez les Noirs américains que chez les Africains. Cela souligne la dépendance de ces cancers à l’égard de l’environnement de la culture occidentale.
The war on cancer–failure of therapy and research : discussion paper.
L’exemple ci-dessus vise des cancers, mais les autres pathologies ne font pas exception.
En position accroupie, ça sort mieux, et c’est prouvé

C’est le dernier tuyau avant expulsion !
Une étude 1 iranienne de 2002 s’est intéressée à la facilité d’évacuation lors de la position accroupie (ou « squatting » en anglais) par rapport à la position assise. Cette dernière montre un angle au niveau du rectum (position assise = 92 degrés en moyenne). Cet angle empêche les matières fécales de passer. C’est pourquoi il faut pousser si fort. Cet angle s’atténue lorsque l’on se met accroupi (position accroupie = 132 degrés en moyenne et parfois jusqu’à 180 degrés), et l’élimination se fait presque toute seule. Tous les sujets ayant utilisé la position accroupie ont rapporté une évacuation complète des selles, ce qui ne fut pas le cas pour la position assise.

Dans la position assise, le muscle pubo-rectal étrangle le rectum. Ce dernier forme alors un angle qui nous force à pousser d’autant plus fort. En revanche, en position accroupie le muscle pubo-rectal est détendu et le rectum est naturellement droit et ouvert : l’élimination se fait toute seule, il n’y a pas vraiment besoin de pousser.

Le côlon est équipé d’une valve d’entrée (la valve iléo-cæcale) et d’une valve de sortie (le muscle puborectal). L’accroupissement ferme simultanément la valve d’entrée, pour garder l’intestin grêle propre, et ouvre la valve de sortie, pour permettre le libre passage des déchets. La position assise va à l’encontre de la fonction des deux valves, rendant l’élimination difficile et incomplète, et salissant l’intestin grêle.
Health Benefits of the Natural Squatting Position
Que risque-t-on ?
Afin de pouvoir expliquer les risques, il faut comprendre ce qu’il se passe dans notre colon. Pour cela, voici un schéma avec les éléments dont nous aurons besoin par la suite.

L’appendicite
En position accroupie, notre cuisse droite est censée appuyer sur le cæcum (partie basse du colon ascendant) et l’aider ainsi à se vider vers le haut. En position assise, nous poussons vers le bas avec le diaphragme, ce qui augmente la pression dans le cæcum. Un peu comme lorsque l’on appuie sur le milieu d’un tube de dentifrice : le bas du tube gonfle sous la pression, et le tube ne se vide pas complètement.
L’appendice est attachée au caecum, et subit donc le même sort. Les déchets sont comprimés dans le cæcum et l’appendice. L’accumulation de déchets dans l’appendice provoque son infection et son inflammation : l’appendicite.
SIBO – Prolifération bactérienne de l’intestin grêle
Cette pression descendante s’exerce également sur la valvule iléo-cécale (qui sépare l’intestin grêle du colon). Cette petite valve permet de s’assurer que les bactéries du colon ne remontent pas vers l’intestin grêle (où elles n’ont rien à faire). On risque ainsi la migration de bactéries : c’est une pathologie nommée SIBO (pour Small Intestinal Bacterial Overgrowth), que l’on traduit en français par Prolifération bactérienne de l’intestin grêle.
Autres problèmes digestifs, cardio-vasculaires et cancer (rien que ça)
D’une part, le fait de pousser fort représente un risque de défaillance cardio-vasculaire2, non négligeable pour les personnes à risque. Cela fait sourire quand on est jeune et en bonne santé, mais c’est pourtant un véritable danger.
D’autre part, cette difficulté d’évacuation engendre une rétention plus longue des matières fécales, avec un nombre de pathologies considérable à la clé (cf. la liste citée plus haut). Notamment, le rôle du colon est d’extraire l’eau des matières fécales. Si ces dernières s’attardent trop longtemps, elles deviennent alors trop sèches et peuvent se retrouver « cimentées » sur la paroi du colon. Le passage devient de plus en plus étroit et les cellules commencent à suffoquer. Ensuite, les toxines sont mal évacuées, s’accumulent et déclenchent souvent des mutations malignes : c’est le début du cancer.

Diverticulite
La diverticulose est l’apparition de petites poches (pensez à des petites bulles) qui se forment le long de la paroi du colon. On voudrait nous faire croire que c’est un phénomène normal qui survient avec l’age. Il n’en est rien : c’est le fait de pousser fort aux toilettes qui est à l’origine du phénomène. C’est la forte pression imposée au colon qui fait que, à force de répétitions, les endroits les plus faibles cèdent et se détendent.

Ensuite, les petites poches, appelées diverticules s’inflamment : c’est la diverticulite.
Incontinence
Le plancher pelvien est comparable à un hamac de muscles qui soutient la vessie, les intestins et, chez la femme, l’utérus. Le nerf pudendal est issu de la colonne vertébrale, passe par le plancher pelvien, et dessert l’essentiel de la région du périnée, y compris les organes génitaux externes. Il joue un rôle essentiel dans la continence urinaire et anale.
A chaque fois que l’on pousse avec le diaphragme pour faire ses besoins, on étire le nerf pudendal. Le problème, c’est que les nerfs ne sont pas élastiques : au delà de 12 % d’étirement d’un nerf, il est détruit. On comprend alors vite comment le fait de pousser fort peut endommager les nerfs et altérer notre continence.
Et devinez quel nerf communique avec la prostate ? C’est également le nerf pudendal. Si l’on détruit cette communication, il ne faut pas s’étonner de voir apparaître des problèmes de prostate.
Toujours avec cette même idée de nerf endommagé, on peut voir apparaître des dysfonctionnements sexuels. Et oui, ça en fait des complications possibles !
Mais il y a une bonne nouvelle : si vos problèmes sont effectivement issus d’une mauvaise position aux toilettes, sachez que ces pathologies sont parfois réversibles… à condition qu’il ne soit pas trop tard, et à condition d’adopter la position accroupie, cela va sans dire !

Hémorroïdes
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le muscle du sphincter (dernier muscle avant l’évacuation) n’est pas capable de prévenir l’incontinence. Il agit sur un effort volontaire et ne concerne que les urgences de courte durée (souvent inconfortables). Pour maintenir la « commission » bien au chaud, il faut une constriction continue du muscle puborectal. Cette action n’est pas relâchée en position assise et doit donc être forcée par une grande pression. Des efforts répétés sur plusieurs années peuvent provoquer des microtraumatismes, engendrant ainsi des hémorroïdes.
Comme nous l’avons déjà vu, c’est en position accroupie que ce muscle peut se relâcher et que nous pouvons éliminer sans forcer.
Problèmes de grossesse et d’accouchement
Les procédures d’urgence à l’accouchement ne cessent d’augmenter (césarienne, forceps, ventouse), et personne ne semble savoir expliquer pourquoi…
Aux toilettes, pousser en position assise impose une pression élevée sur l’utérus et le plancher pelvien. C’est donc encore plus compliqué lorsque l’on est enceinte. Il est d’ailleurs fréquent que les femmes enceintes soient constipées, avec parfois des hémorroïdes en prime. Et votre docteur va vous dire que c’est normal… parce qu’il ne sait simplement pas quoi dire d’autre.

Déféquer accroupi, vous l’aurez deviné, va palier au problème. Aussi, une bonne élimination vous aide à éviter l’accumulation de toxines dans le colon, ce qui fourni un environment plus sain pour le fétus.
De plus, la position accroupie permet de développer une certaine flexibilité qui peut être utile pour l’accouchement. En effet, à chaque fois que vous vous mettez accroupi, même pour un court instant, vous entretenez ou améliorez votre flexibilité. Vous pouvez également travailler cette posture avec le dos contre un mur (en yoga, on appelle ça « Malasana »). Cette position est idéale pour donner naissance.

Si l’on accouche dans une mauvaise position (e.g. sur le dos), c’est le même problème qu’aux toilettes, mais en pire ! On doit pousser d’autant plus fort, et l’on endommage à coup sûr le nerf pudendal. S’en suivent logiquement des problèmes d’incontinence et d’hormones, puisque la communication cerveau/pelvis est détériorée.
Un bémol
La position assise aux toilettes peut expliquer, comme nous venons de le voir, énormément de problèmes. Mais cela ne veut pas dire que ces problèmes sont systématiquement et uniquement causés par ce problème de posture aux cabinets.
La faute peut notamment être partagée. Je pense au fait que nous sommes constamment assis : c’est un problème qui détient probablement une responsabilité équivalente, et qui mérite d’être considéré et corrigé avec autant d’attention !
Assurez-vous également de bien respirer avec le ventre et non avec la cage thoracique, et travaillez votre gestion du stress.
Contre-indication
Si vous avez des problèmes de chevilles, de genoux ou de hanche, la position accroupie est probablement à éviter. Ne prenez surtout pas de risques inutiles. Dans ce cas, vous pouvez élever vos pieds grâce à un tabouret. Ce n’est pas parfait mais c’est mieux que rien.
FAQ – les questions que l’on se pose
« La position assise me convient et je n’ai aucun problème d’élimination »
Sur le court terme, vous avez peut-être raison. Mais sur le long terme, vous maltraitez vos intestins et vous courrez des risques : stagnation des matières fécales, inflammations, cancer… La mise en place de ces pathologies est souvent silencieuse.
Et puis vous pensez que c’est la bonne façon de faire car c’est probablement la seule que vous connaissiez. C’est toujours rassurant de faire comme tout le monde. Mais si vous essayez la position accroupie, vous vous rendrez vite compte que l’élimination est plus naturelle et plus efficace.
Mettre un petit tabouret sous les pieds, ça suffit, non ?
Mettre un petit tabouret sous les pieds permet de réduire la hauteur du siège, et donc de se rapprocher un peu de la position accroupie.
Une étude3 a essayé de comparer 2 hauteurs de siège :
- position assise – 41 cm
- position assise -31 cm
- position accroupie
La conclusion fut que l’élimination est bien plus efficace en position accroupie que chacune des deux hauteurs de siège. Mettre un petit tabouret, c’est éventuellement un peu mieux que rien, mais c’est loin d’être aussi efficace que la position accroupie.

Les résultats d’une étude4 de 2010 confirment que plus la flexion de la hanche obtenue en s’accroupissant est importante, plus le canal rectoanal sera droit et, par conséquent, moins la défécation nécessitera d’efforts.
Je trouve mes toilettes trop instables
Les rebords de toilettes diffèrent les uns des autres. Si le votre vous semble inconfortable, vous pouvez essayer de bricoler un support plus stable :

Après quelques essais, je suis finalement revenu à la position accroupie directement sur le rebord des toilettes, ce que je trouve le plus pratique et tout aussi comfortable.

Il permet la position accroupie même pour les personnes très lourdes.
La position accroupie sur les toilettes est trop haute ? Trop acrobatique ?
Si vous ne le sentez pas, n’allez pas vous blesser. Je m’en voudrais !
Rien ne vous empêche de vous accroupir directement au sol, au dessus d’une cuvette avec un peu d’eau. Vous pouvez utiliser des blocs de bétons ou des gros livres (s’il vous reste des bottins de téléphone, c’est le moment où jamais de les utiliser !). C’est un peu plus de travail, certes, mais le jeu en vaut la chandelle !

Je n’arrive pas à tenir en position accroupie
Si c’est parce que vous perdez l’équilibre facilement, faites ajouter une barre murale pour que vous puissiez vous y tenir. A défaut, vous pouvez mettre une chaise (ou un déambulateur) devant vous pour vous y agripper.
Mais il est très possible que vous ne soyez simplement pas assez souple : vous tombez en arrière. Dans ce cas, 2 options s’offrent à vous :


Si la position accroupie est si bien que cela, pourquoi a-t-on conservé les toilettes assises ?
Tout simplement car nous pensons que nos toilettes représentent un progrès social. Qu’elles nous distinguent des animaux. Elles sont aujourd’hui une évidence que personne n’ose remettre en question.
Ce ne sont pourtant pas les preuves qui manquent : les études sont là.
(mais personne ne veut les voir…)
Et puis… pourquoi les gens boivent-ils du coca si c’est mauvais pour nous ? pourquoi fument-ils ? pourquoi installe-t-on toujours plus d’antennes ? pourquoi reste-t-on assis toute la journée devant un ordinateur ? pourquoi passe-t-on autant de temps sur Facebook ?
Bref, je pense que vous m’aurez compris…
Peut-on uriner dans cette position ?
Bien entendu.
Ces messieurs feront cependant attention à bien viser vers le bas !
Peut-on garder son pantalon ou faut-il l’enlever ?
Commencez sans, puis, si vous êtes à l’aise, faites un essai avec. Pour ma part, j’arrive à garder mon pantalon sans trop de complications, mais ce n’est pas forcément le cas pour tout le monde. Je garde également mes chaussettes, mais faites attention à ne pas glisser.
Mon expérience
J’ai été très vite séduit par l’idée que la position accroupie était plus naturelle. Avec un peu de recul, cela me semble aujourd’hui une évidence. Et puis c’est scientifique : il existe de nombreuses études pour soutenir ces impressions.
Je suis donc rapidement passé à l’acte. Et le résultat est sans appel : la sensation est en effet beaucoup plus naturelle. Ça sort tout seul, sans avoir besoin de forcer.

Alors certes, se mettre accroupi sur les toilettes, cela peut paraître acrobatique pour certains, voire dangereux. Pour moi qui fait un peu de yoga, pas de problème. Mais je vous invite à prendre vos dispositions afin de faire cela avec un minimum comfort et en toute sécurité.
J’ai décidé d’adopter cette posture pour une durée indéfinie. Peut-être à vie, qui sait ? Pour moi, déféquer assis semble appartenir au passé ! Étant assez agile, j’arrive même à le faire dans des toilettes publiques, en chaussures et pantalon ! ( et sans accident pour l’instant !)
Et vous ? Allez-vous essayer ?
Passer à côté de la civilisation turque quand on traite ce sujet est un grand manque puisque chez eux ca fait partie de leur culture (d’où les toilettes à la turque).
J’ajoute qu’ils se nettoient à l’eau, ce qui n’est pas propre à leur civilisation. Peut être un autre sujet à traiter : ).
Si je devais citer toutes les civilisations qui défèquent accroupi je crois que ça me prendrait quelques mois de travail….