J’ai toujours été un fervent défenseur des patients qui se font envoyer balader par leur médecin. Ce dernier leur fait gentiment comprendre que leurs problèmes sont dans la tête et que leurs symptômes ne sont pas réels.
Je sais que les symptômes sont bels et bien réels.
Et les maladies sont belles et bien physiques.

Mais plus le temps passe, et plus je dois me rendre à l’évidence : de nombreuses pathologies ont pour origine une anxiété chronique.
C’est une belle théorie.
Mais comment puis-je savoir si c’est mon cas ?
C’est tout l’objet de cet article.
Premier pas : se « dé-convaincre »
Je me rends bien compte qu’il y a dans mon entourage un certain nombre de personnes à qui une petite thérapie ne ferait pas de mal. Il y en a même peut-être parmi mes proches.
Mais…. avez-vous déjà proposé à quelqu’un de faire une psychothérapie ?
Moi oui.
Et la réponse fût systématique : « Non. Je n’en ai pas besoin. »
(avec un ton qui signifie généralement : « Occupe-toi de tes affaires »)
Quand je regarde autour de moi, on dirait que tout le monde semble nier son besoin d’une thérapie.
Et moi ?
Moi, c’est différent.
Stéphane, presque convaincu par lui-même.
Mon problème est purement physique.
La psychothérapie, je n’en ai pas besoin.

Il est temps pour moi de prendre un peu de recul, et de me regarder parler.
Le problème saute aux yeux.
Suis-je vraiment si différent ?
J’ai décidé qu’il fallait que je creuse un peu tout ça.
En commençant avec une petite pelle.
Alors… en bon scientifique… comment pourrais-je être sûr que je n’ai pas besoin d’une thérapie ?
Et bien… en en faisant une !
Si tout va si bien : ça devrait être plié en 3 séances (et en plus c’est remboursé par de nombreuses mutuelles).
Et si tout ne va pas si bien, c’est que la démarche était nécessaire.
C’est ainsi que j’ai décidé de me lancer.
Je vais faire une thérapie !
Pour voir.
Le facteur déclencheur
Pour la majorité d’entre nous, il y a un événement qui nous pousse à la thérapie :
- un burn-out
- une dépression
- des problèmes relationnels
- etc.

Mais en y réfléchissant un peu : quand on traite une dépression, on ne s’intéresse pas à la dépression en elle même. On va plutôt en chercher la cause. Et c’est alors qu’on tombe sur les problèmes non résolus, des troubles enfouis depuis l’enfance, etc.
On s’attaque donc au problème bien trop tard : des dizaines d’années après qu’il soit créé.
Même si ce n’est généralement pas « trop tard », les dégâts sont souvent considérables.
Et s’il n’y a pas de facteur déclencheur, c’est peut-être pire encore : on ne fait pas de thérapie, les problèmes restent enfouis, et l’anxiété reste.
Invisible, mais étouffante.
Le facteur déclencheur est donc souvent salvateur.
Un mal pour un bien.

Pour ma part, je ne suis pas en burn out, ni dépressif. Je n’ai pas non plus de problèmes relationnels.
J’ai par contre une forte volonté à vouloir comprendre ce qu’il m’arrive.
Et je n’ai clairement pas envie d’attendre qu’un jour une dépression me tombe dessus.
Je vais donc anticiper : je saute la case dépression et j’atterris directement chez le psy.
Mon facteur déclencheur
Bon, pour être honnête, il y a quand même eu quelque chose qui a tout déclenché pour moi.
Après avoir lu le livre « Quand le corps dit non » de Gabor Maté (et écrit un article dessus), j’ai commencé à m’interroger sur mon enfance. Je me suis alors aperçu que je n’avais jamais bien appris à gérer mes émotions. Au lieu de les ressentir et de les laisser s’exprimer, je les enfouis.

C’est à ce moment que j’ai décidé qu’il était temps pour moi d’essayer la psychothérapie.
Ce fut à la fois difficile et libérateur : j’ai une fâcheuse tendance à vouloir tout faire moi-même, tout résoudre tout seul, sans aide. Or, faire une thérapie c’est demander de l’aide. Un premier pas vers une compétence que je vais devoir apprendre.
C’est parti !
A l’heure ou j’écris cet article, j’ai déjà fait 4 séances (hebdomadaires).
Avant de commencer, j’ai écris un petit texte avec tout ce qui me passait par la tête. J’ai alors proposé à mon psy de l’utiliser comme base de travail. C’était plus facile pour moi de l’écrire, car ça m’a permis de faire calmement le tour de la question, et de peser mes mots. La démarche a été très bien accueillie et je vous encourage à faire la même chose si ça vous parle.
Le plus dur pour moi, ce n’est pas de me plonger dans mon passé, ni de rechercher à raviver des émotions enfouies. Non.
Le plus dur pour moi, c’est d’avoir un psy qui parle lentement, et d’avoir l’impression qu’on n’avance pas du tout assez vite à mon goût !
(Et pourtant, on avance très vite !)
J’aime l’efficacité et donc je m’agace dès qu’il tourne autour du pot. Surtout quand c’est 70€ la séance. Mais j’ai décidé d’en profiter pour travailler sur ce point : le lâcher prise. Laisser faire. Prendre le temps qu’il faut. (Et c’est dur ^^)
70€/h ça fait presque 10 centimes par respiration !
Aujourd’hui, on a tout, tout de suite : merci google pour ce progrès.
Mon psy, ce n’est clairement pas google !
Mais comme il dit :
On ne va pas régler en une séance un problème qui s’est installé sur plusieurs années.
Mon psy. (qui a peut-être raison)
Note : ne faites pas la même erreur que moi : j’ai choisi sans le faire exprès un psychothérapeute au lieu d’un psychologue, car je ne savais pas qu’il y avait une différence. Il me convient très bien sauf que ma mutuelle ne rembourse que les consultations avec psychologue… ce qui me fait un peu mal au porte-feuille… ! (et après 3 séance je n’éprouve pas l’envie de changer)
La négligence émotionnelle : une subtilité à prendre en compte
Beaucoup de personnes voient la thérapie comme une réponse à un problème évident : pour soigner un traumatisme.
Mais beaucoup moins nombreux sont ceux qui pensent à consulter sans pour autant connaître leur problème (et sans avoir de facteur déclencheur tel que la déprime). Car dans la culture occidentale, pour la fatigue et la maladie, on va chez le docteur, pas chez le psy.
J’ai peut-être quelque chose qui va vous mettre la puce à l’oreille : mon principal motif de consultation a été la « négligence émotionnelle« . Il ne s’agit pas d’un traumatisme, ni de rien d’autre qui me soit arrivé. Au contraire, il s’agit de quelque chose de positif… mais qui ne m’est pas arrivé. C’est invisible et très subtil.
D’ailleurs, certains psy passent parfois à côté !
Étant enfant, j’ai appris à enfouir mes émotions. Parce que mes parents n’ont pas su me montrer comment les laisser s’exprimer pleinement.
Eux-même, d’ailleurs, ont été négligés émotionnellement par leurs parents. (Et ainsi de suite ?)
Stéphane, pour qui cette prise de conscience fût le début d’un nouveau chemin.

Petit mot de la fin
Je viens de changer mon rapport à la psychothérapie :
Avant, je pensais que ceux qui consultaient avaient un problème.
Maintenant, je me rend compte que c’est le contraire.
Alors, est-ce que vous faites toujours partie des gens qui n’ont pas besoin de faire une thérapie ? Laissez-moi un petit mot dans les commentaires, je vous lirai avec plaisir.
J’ajoute donc la thérapie à mes outils utiles !
Allez, en espérant que ça te fasse du bien tout ça !! ça fait plusieurs années que je suis en psychothérapie, ça m’a déjà apporté beaucoup de bienfaits. J’ai jamais pensé que c’était pour ceux qui avaient vécu de grands traumatismes, pour moi, dès qu’on ne se sent pas super bien dans sa vie (relations, dépression même légère, psychosomatisation, …), c’est tout à fait normal de se tourner vers quelqu’un pour y voir plus clair et pour avancer grâce à un regard différent. ça fait même du bien de savoir que chaque semaine, on a ce rituel d’aller voir quelqu’un qui permettra de faire le point. Je suis très anxieuse, donc ça aide de pouvoir parler, même si quelque fois, je me demande dans quel sens on va, ça fait râler parce que ça prend du temps… Par contre, effectivement, j’ai déjà conseillé le psy à une connaissance et j’ai été mal reçue en mode « comme si j’allais embêter un psy rien que pour ça, ça sert à rien les psy sauf pour des cas vraiment spécifiques » alors que la personne avait vraiment l’air d’avoir un souci qui revenait souvent et qu’elle n’arrivait pas à solutionner.
Au final j’ai arrêté au bout de 8 séances parce que je n’éprouvais plus le besoin.
Ca m’a fait beaucoup de bien 😀
Et je sais que je pourrai y revenir si le besoin se fait sentir.