J’ai récemment écrit un article sur les travaux du Dr William Kelley, qui avait mis au point un protocole contre le cancer. Sa méthode impliquait notamment l’utilisation d’une catégorie d’enzymes digestifs : les protéases.
Peu de temps après, j’ai reçu des messages de mes parents qui me disaient de retirer mon article parce qu’il racontait n’importe quoi.
Selon eux :
- Si les enzymes pouvaient lutter contre le cancer, ça se saurait (super argumentation)
- De toutes façons, les enzymes ne peuvent pas traverser la barrière intestinale donc ça ne peut pas marcher
En bon fils qui se doit d’éduquer ses parents, j’ai donc dû approfondir un peu mes recherches… et je dois dire que j’ai été bluffé par ce que j’ai découvert !
Mais reprenons depuis le début, car je ne voudrais pas vous perdre en route.
Les enzymes digestifs
Les termes protéolytiques, protéases ou protéinases sont synonymes. Ils désignent des enzymes capables de découper (hydrolyser) les protéines. Ils accomplissent donc ce rôle dans l’estomac, afin d’assurer une bonne digestion. C’est d’ailleurs pourquoi ils font parti de ce qu’on appelle les enzymes digestifs :
- les amylases découpent l’amidon (sucres lents)
- les lipases découpent les graisses
- les protéases / protéolytiques / protéinases découpent les protéines
Il y en a d’autres, mais ce sont les 3 catégories principales.
Fin de l’histoire ? Et bien non ! Les protéases joueraient également d’autres rôles au sein du corps. On ne comprends pas encore tous les fonctionnements, mais on a déjà pu mettre en évidence certaines actions.
C’est ce que je vais vous révéler dans cet article.
La thérapie enzymatique systémique
Le traitement médical associé est souvent appelé « thérapie enzymatique systémique » (systémique = totalité du corps), qui implique une absorption orale puis gastro-intestinale afin qu’ils puissent agir dans l’ensemble de l’organisme, par distribution dans les fluides corporels. Je reviendrai sur cette absorption un peu plus loin.
Voici quelques protéases courantes :
- Trypsine (qui vient du pancréas, généralement du porc)
- Chymotrypsine (idem)
- Papaïne (qui vient de la papaye)
- Broméline ou bromélaïne (qui vient de l’ananas)
Les enzymes de végétaux
L’organisme n’a pas la capacité de reconnaître l’origine des protéases (végétale ou animale), ce qui s’avère très pratique pour une éventuelle supplémentation. En effet, les enzymes provenant de végétaux auraient tendance à conserver leur activité dans un intervalle de pH plus large que les enzymes provenant d’animaux. Cela pourrait notamment protéger ces enzymes contre la dégradation due à l’environnement acide de l’estomac.
Études sur les protéases
Une étude1 américaine de 1995 sur 90 patients a montré que l’administration orale d’enzymes étaient aussi efficace contre l’herpès que le traitement recommandé (Aciclovir). Concluant que cette alternative est moins coûteuse.
Ça commence bien, mais vous n’avez encore rien vu.
Selon un article de 20142 :
- la prise de broméline par voie orale associée à la trypsine et à la rutine peut améliorer les symptômes de l’arthrose
- la chymotrypsine diminuerait la destruction des tissus pour les patients brûlés
- la prise orale de chymotrypsine serait efficace pour réduire l’inflammation et les œdèmes associés aux fractures de la main
- la supplémentation en protéases permettrait d’atténuer les courbatures chez des athlètes ayant couru en descente3
- la broméline interférerait avec les croissance des cellules malignes (cancer) et inhiberait l’agrégation de plaquettes
- chez les animaux, la broméline aide à réduire l’inflammation et les œdèmes, et a une activité fibrinolytique (dissout les caillots sanguins)
- la broméline protégerait également contre la métastase4 (propagation des cancers)
- les comprimés phlogenzyme (contenant de la broméline) permettent de réduire les symptômes de l’arthrose5 (douleur, rigidité et mouvement)
On semble en effet bien loin d’une simple aide à la digestion !
Administration orale
Pour que les enzymes ingérés oralement puissent agir à différents endroits du corps, encore faut-ils qui puissent survivre à la digestion et traverser la paroi intestinale. Pour contrer l’acidité de l’estomac, il existe 2 méthodes connues :
- utiliser des gélules avec un enrobage qui résiste au suc gastrique (gastro-résistant)
- réduire l’activité gastrique de l’estomac (via l’inhibition de la pompe à protons, ou via une prise d’antihistaminiques H2)
Pendant longtemps, un dogme imposait que les grosses molécules (protéines et peptides) doivent être hydrolysées avant que leur absorption intestinale soit possible. Cette vision a complètement changé ! On sait aujourd’hui que des grosses molécules telles que les peptides et les protéines sont capables67 de :
- résister au suc gastrique
- franchir la paroi intestinale
Les protéases ne font pas exception. Il y a aujourd’hui des preuves solides de détection de protéases non dégradés dans le plasma après ingestion orale. Une analyse de 2012 de plusieurs études conclu ainsi :
Jusqu’à présent, nous pouvons conclure que les enzymes protéolytiques sont absorbées sous forme de molécules intactes de haut poids moléculaire, conservant leur activité sous forme de protéases libres ou de complexes liés à des anti-protéases.
Gastrointestinal absorption and biological activities of serine and cysteine proteases of animal and plant origin : review on absorption of serine and cysteine proteases
Un article de 2001 conclu :
L’affirmation selon laquelle la bromélaïne ne peut être efficace après administration orale est définitivement réfutée à l’heure actuelle.
Bromelain : biochemistry, pharmacology and medical use.
Cela étant dit, l’enrobage gastro-résistant permet probablement la survie d’un plus grand nombre d’enzymes.
Bonus : l’administration rectale
L’administration rectale semblerait également être une bonne idée pour contourner l’aggression éventuelle de l’acidité gastrique.
Une étude8 tchèque de 1998 a porté sur des souris ayant un mélanome (cancer de la peau). L’administration rectale était constituée d’un mélange contenant de la papaïne, de la trypsine et de la chymotrypsine. Les résultats sont sans appel :
- les souris non traitées (contrôle) ont montré une espérance de vie de 24 jours
- 30 % des souris traitées ont vu leur cancer disparaître
- les 70 % restantes on vécu en moyenne 38 jours (soit 58 % plus longtemps)
Quels sont les risques ?
Les protéases sont des enzymes qui découpent les protéines. On peut donc penser qu’ils puissent endommager le corps d’une façon ou d’une autre. Ce serait quand même dommage de s’auto-détruire en avalant ces machins là.
Il n’en est rien. Immédiatement après leur absorption, 100 % des protéases sont enfermés dans des cages (que l’on appelle « anti-protéases »). Ces dernières permettent leur transport dans le corps en toute sécurité. Les chances que vous n’ayez pas assez de molécules anti-protéases sont d’ailleurs presque nulles.
De plus, le corps connaît les quantités dont il a besoin. Une fois que le sérum atteint sa concentration maximale de protéases, l’absorption s’arrête9.
Les risques liés à l’absorption orale de protéases sont dont très faibles.
Comme les enzymes sont des suppléments qui peuvent être achetés sans ordonnance, le principal risque se situe dans les additifs des comprimés ou des gélules que vous achetez, plutôt que dans les enzymes eux-mêmes. Veillez donc à bien lire la composition de ce que vous achetez.
À savoir :
- La broméline orale peut provoquer des troubles du tractus gastro-intestinal ou des diarrhées.
- À des doses excessives, la papaïne peut provoquer des effets indésirables tels que la perforation de l’œsophage. Mais il faut y aller fort.
- Dans de rares cas, des allergies sont également possibles.
Protéases et microbiote
Mauvaise digestion des protéines
Les protéines mal digérées peuvent fermenter dans les intestins et provoquer la prolifération de bactéries pathogènes10. Je pense par exemple au gluten que tout le monde ne digère pas si bien…
La supplémentation en protéases permet de limiter ce phénomène.
Protéases et syndrome de l’intestin irritable (IBS)
Une étude11 de 2007 a analysé les taux de protéases dans des patients souffrant du syndrome de l’intestin irritable. Résultats : ceux qui souffrent de diarrhée (D-IBS) ont 3 fois plus de protéases dans leurs selles que le groupe de contrôle (sans symptôme). Aucune différence n’a été observée avec ceux souffrant de constipation (C-IBS).
On pourrait penser que cela provient du fait que le transit est accéléré. Pourtant, ces résultats n’ont pas été constatés chez des patients souffrant de gastro. Cette hypothèse est donc écartée.
En fait, ces protéases ne proviennent pas de ce que vous avez mangé, ni de votre pancréas ! Elles sont produites directement par des bactéries pathogène de votre microbiote ! !
Rien n’empêche qu’une supplémentation en protéases diminue la production de vos bactéries et améliore ainsi votre condition. Cela semble contre intuitif, mais j’avais tendance à avoir quelques diarrhées passagères, et elles ont complètement disparu après que je me sois supplémenté en protéases !
Protéases, perméabilité intestinale et système immunitaire
Un article de 200812 explique que la paroi des intestins contient des récepteurs à protéase. L’interaction entre ces récepteurs et les protéases influencerait à la fois la perméabilité intestinale et le système immunitaire.
Il n’est pas dit si l’absorption de protéases peut changer quelque chose au problème.
L’administration orale de comprimés entériques enrobés contenant des enzymes protéolytiques d’origine végétale et animale peut stabiliser ou probablement améliorer divers processus physiologiques et immunologiques, même chez les consommateurs en bonne santé.
Gastrointestinal absorption and biological activities of serine and cysteine proteases of animal and plant origin : review on absorption of serine and cysteine proteases
Un rôle de signalisation critique
Les récepteurs à protéases que l’on retrouve sur la paroi intestinale s’appellent des récepteurs PARs (protease-activated receptors). Ils se retrouvent d’ailleurs également sur d’autres organes et tissus. Ces récepteurs à protéases suggèrent que, en plus de leur rôle digestif, les protéases agissent également comme molécules de signalisation.
Le truc, c’est qu’on ne comprends pas encore exactement comment cela fonctionne, mais il semblerait que cela influe sur de très nombreux aspects de la digestion13 :
- transport des ions
- mobilité
- perméabilité
- système immunitaire
- perception sensorielle
- prolifération
- réparation14
C’est ainsi que l’excès de protéases déclenche les symptômes observés chez les patient avec un intestin irritable et diarrhées (D-IBS).
Petit mot de la fin
Les protéases sont donc importantes pour soutenir la digestion. En effet, les protéines mal digérées peuvent fermenter et poser problème.
Mais le rôle de ces enzymes est très loin de se limiter à la digestion. Il semblent avoir à de nombreux endroits du corps deux grandes responsabilités :
- le nettoyage, en hydrolysant les protéines dont le corps n’a plus besoin
- la signalisation, en s’associant à des récepteurs sur la paroi des intestins ou de certains organes
Étant donné le très faible risque de la supplémentation en enzymes digestifs, il serait dommage de ne pas essayer. Vous pouvez essayer avec le repas si vous pensez que vos protéines ne sont pas bien digérées, mais je vous encouragerait surtout à vous supplémenter avec un estomac vide, comme par exemple le matin, 2 heures avant le petit déjeuner. Cela peut potentiellement corriger ou améliorer divers processus physiologiques et immunologiques de votre corps.
Sur ce, je vous laisse essayer et je vous encourage à revenir me poster les résultats dans les commentaires ci-dessous !
- The intestinal absorption of orally administered hydrolytic enzymes and their effects in the treatment of acute herpes zoster as compared with those of oral acyclovir therapy.
- Over-the-Counter Enzyme Supplements : What a Clinician Needs to Know
- The effects of protease supplementation on skeletal muscle function and DOMS following downhill running.
- Bromelain : biochemistry, pharmacology and medical use.
- Efficacy and tolerance of an oral enzyme combination in painful osteoarthritis of the hip. A double-blind, randomised study comparing oral enzymes with non-steroidal anti-inflammatory drugs.
- Intestinal assimilation of intact peptides and proteins from the diet–a neglected field ?
- Absorption of Orally Administered Enzymes
- Polyenzyme preparation Wobe-Mugos inhibits growth of solid tumors and development of experimental metastases in mice.
- Gastrointestinal absorption and biological activities of serine and cysteine proteases of animal and plant origin : review on absorption of serine and cysteine proteases
- Protease enzymes and the benefits beyond cost savings
- Proteases in Irritable Bowel Syndrome : A Lot More Than Just Digestive Enzymes
- Protease-activated receptor 2 and gut permeability : a review.
- Clinical relevance of proteinase activated receptors (pars) in the gut.
- Protease-activated receptors : contribution to physiology and disease.
Changez de parents au plus vite…..
Einstein , homme intelligent , s’ il en est, à dit : ce qui compte n’est pas l’intelligence , mais l’imagination.
Et en effet , difficile d’imaginer de nouvelles choses lorsque vous croyez que ce que vous avez devant les yeux est la vérité .
Bonne continuation .
Roger
Marrant tout cela . Le traitement proposé au pape Jean Paul 2 par le professeur montagnié était de la papaye fermenté e. Cela l’a ressuscité au moins deux ans.
Curieux aussi le docteur Laurent schwartz dit que le cancer est une simple maladie métabolique . En effet la cellule au lieu de brûler les matières pour en faire de l’énergie se met à f ermenter.
Au fait , et là, je mets de l’eau à mon moulin , allez voir ce qu’une bonne respiration a comme effet sur le processus métabolique et les enzymes bien entendu .
On peut t on trouver ses différentes enzymes ??
Je vais pour ma part sur https://fr.iherb.com/ mais il y a d’autres possibilités.