Le goitre est une boule qui se forme au bas du cou chez les personnes qui expérimentent une très forte carence en iode. Cette boule est le gonflement de la thyroïde, qui essaye de capter plus d’iode. Au delà de ce cas extrême, une carence en iode modérée, souvent invisible, peut causer de la fatigue et avoir de graves conséquences sur l’organisme.
Le manque d’apport en iode via l’alimentation est un problème qui touche de très nombreux pays (dont la France). Pour palier au problème, l’OMS avait fait ajouter de l’iode au sel de table1, espérant augmenter les apports. Aujourd’hui, de nombreuses personnes sont toujours carencées (les pays développés ne sont pas épargnés) et les conséquences sont désastreuses.
Personne ne semble vraiment se préoccuper de ce sujet, pourtant critique. Éduquons-nous !
L’importance de l’iode
L’iode et la Thyroïde
L’iode possède un rôle majeur dans le bon fonctionnement de la thyroïde. En effet, 70 à 80 % de l’iode du corps est contenu dans cette dernière. L’iode est principalement utilisée pour la synthèse de l’hormone T4, et de sa forme activée T3. La production de celles-ci est donc fortement dépendante de la quantité d’iode disponible.

Les rôles de la thyroïde
Les hormones thyroïdiennes participent à différentes fonctions majeures :
- régulation de la température du corps, notamment par l’activation de la graisse brune2
- métabolisme des protéines, des lipides et des glucides
- fonctionnement du cerveau et notamment de neurones
- système reproducteur3
- fonctions cardiaques et musculaires
- filtrage des reins4
- système digestif (foie)5
- pousse des cheveux et des ongles
- utilisation de l’oxygène par les cellules6
Les autres rôles de l’iode
En dehors des fonctions assurées uniquement par la thyroïde et ses hormones, l’iode permet d’assurer de nombreuses fonctions :
- soutien de la santé des seins7, ovaires, utérus, prostate, et des glandes pituitaires
- assistance dans la régulation de la pression artérielle8 et de la glycémie
- effet antioxydant dans certains tissus (notamment la poitrine)9
- prévention des cancers endometrial (muqueuse interne de l’utérus), du sein et des ovaires10 (production d’hormones)
- prévention des cancers de la thyroïde, du sein et de l’estomac11
J’ai pu également lire d’autres rôles que je n’ai pas pu vérifier :
- action « d’agent de désinfection » des tissus face aux infections fongiques et problèmes cutanés (candidose, mycoses, eczéma, etc.)
- aide à l’élimination du fluor, du brome, du plomb, cadmium, arsenic, aluminium et mercure (voir plus bas)
- protection face à l’électro-magnétisme, à la radio-activité, à divers toxines et polluants environnementaux
- régulation des humeurs et soutient à la bonne santé mentale (et également un allié contre les maladies dégénératives ?)
Les symptômes d’une carence en iode
Les symptômes d’une carence en iode sont ceux d’une hypothyroïdie :
- fatigue
- problèmes de mémoire
- pas le moral, troubles émotionnels
- constipé
- manque d’appétit
- crampes
- mal un peu partout
- prise de poids
- frileux
- peau sèche
- le cœur ralentit et la tension baisse
- transpiration nocture
- nausée
Pour les cas extrêmes, il se forme un goître, très caractéristique (thyroïde qui gonfle). Mais dans la grande majorité des cas, la carence est loin d’être évidente.
Chez les souris
La provocation d’une carence en iode chez les souris montre des effets désastreux :
Iode et maternité
L’hormone T4, composée d’iode, joue un rôle critique dans le développement du système nerveux central de l’embryon.
L’OMS ayant classé le Royaume Unis parmi les pays ayant une carence modérée en iode depuis 2011, ils ont décidé, en 2015, de conduire une étude sur les mères carencées et l’éventuelle influence sur l’intelligence de leurs enfants15. Les résultats sont effrayants : si vous montrez une carence en iode au début de votre grossesse, votre enfant à 60 % de risque de figurer dans le quart sa classe qui a les moins bons scores (expression, lecture et compréhension). L’iode est indispensable au bon développement du cerveau de l’enfant ! Ce retard n’est ensuite pas rattrapable.
Mais… quelles sont les raisons de cette carence en iode ? !
Le sol est pauvre en iode. Il est rincé par les pluies qui évacuent la précieuse molécule vers les cours d’eau. Peu nombreux sont donc les aliments contenant de l’iode. Mais cette explication n’est pas suffisante…
La famille des halogènes
La famille des halogènes comprend :
- le chlore
- le fluor
- le brome
- et…. l’iode !
Ces 4 éléments ont des propriétés très similaires. Au sein de l’organisme, ils entrent donc en compétition au niveau de certains récepteurs. Ils prennent ainsi la place de l’iode, sans pour autant assurer le même rôle. Un excès de chlore, de fluor ou de brome aura donc tendance à chasser l’iode du corps.
Vous voyez où je veux en venir ? Ces trois produits se retrouvent partout : eau potable (chlore et fluor), dentifrice (fluor), produits ménagés (chlore), produits de boulangerie (ils contiennent du brome aux Etats-Unis, mais rarement en Europe), etc. Ce n’est donc pas la pauvreté du sol qu’il faut accuser, mais une fois encore la toxicité de notre environnement.
Avant même de vous supplémenter, veillez donc à supprimer les sources de chlore, fluor et brome autant que possible. On commencera par exemple par utiliser un dentifrice sans fluor. On peut également laisser l’eau du robinet à l’air libre quelques heures afin que du chlore s’évapore. Supprimer les sources de perturbateurs endocriniens et de métaux lourds est également nécessaire.
Comment savoir si l’on est carencé ?
Plusieurs tests existent, notamment l’analyse minérale des cheveux qui se veut fiable pour l’iode16. Cela étant dit, il est toujours possible d’augmenter son apport en iode et d’en observer les bienfaits (ou non). Vous ne risquez pas grand chose. Pour se retrouver en excès d’iode, il faut vraiment le vouloir ! (si vous mangez des algues marines quotidiennement par exemple)
Les sources d’iode
Les limites du sel iodé

Le sel iodé, bien que partant d’une bonne intention de la part de l’OMS, représente un apport très limité d’iode, voire grandement insuffisant (certains parleront même de supercherie).
En voici les raisons :
- la quantité d’iode prévue est trop faible : elle vise a éviter le goitre, mais n’est pas suffisante pour éviter une carence modérée
- l’iode s’évapore très facilement : la quantité affichée est mesurée directement après la production. Entre celle dernière et votre assiette, plus de 50 % de l’iode contenue dans le sel pourrait s’être évaporée (d’autant que vous ne savez pas combien de temps a été entreposé le produit avant d’arriver chez vous)
- la biodisponibilité de l’iode contenue dans le sel serait très faible (autour de 10 %), notamment car le sel contient plein de chlore (NaCl), en directe concurrence avec l’iode car de la même famille (pour ceux qui n’ont rien suivi :les halogènes)
Il règne aujourd’hui beaucoup de confusion autour du sel. En effet, le sel de table ionisé a été très critiqué dernièrement (hyper tension notamment), et pour de bonnes raisons : il est complètement dénaturé, ce qui le rend contre productif. En conséquence, de nombreuses personnes se sont tournées (moi le premier) vers un sel de qualité : sel marin ou sel de l’Himalaya. Ces derniers sont de très bons produits, mais ils ne contiennent pas d’iode.
Dans tous les cas, ce ne sera probablement pas le sel qui comblera nos carences en iode.
Les sources alimentaires
Le sol est pauvre en iode. Les produits issus du sol le sont donc également. Cependant, il n’y a pas de corrélation directe entre la quantité d’iode présente dans le sol et celle contenue dans les aliments.
En revanche, les éleveur donnent de l’iode à leurs bêtes pour les protéger des infections (les vaches se supplémentent en iode, mais pas nous ? !). L’oligo-élément se retrouve ainsi dans les viandes, mais aussi les produits laitiers (où des iodophores sont parfois également utilisés comme antiseptiques). Cet apport reste toutefois très limité.
L’eau de mer est riche en iode (58mcg/l en moyenne). Pour obtenir un apport significatif, il faut donc se tourner vers les produits de la mer, avec les poissons et fruits de mer. Mais il y a mieux encore : les algues marines17, championnes incontestés d’apport en iode.

Les sources d’iode sont donc assez limitées :
- Algues marines
- Kombu
- Wakamé
- Poissons et fruits de mer (attention aux métaux lourds)
- Viandes, produits laitiers et œufs (très limité)
- Sel iodé (très limité)
Les algues marines sont de très bon aliments qui contiennent de nombreux minéraux et vitamines. Mais en fonction de leur environnement, elles pourraient également contenir des polluants ou métaux lourds. Et oui, ce n’est jamais trop simple…
Quelques chiffres
Attention, ce sont des ordres de grandeurs et les quantités peuvent fortement varier d’un produit à l’autre.
Le corps humain contient au total 20 à 30g d’iode. Mais il ne sait pas le stocker très longtemps. L’apport quotidien recommandé par l’OMS est de 150 mcg (microgrammes), et 200 mcg pour les femmes enceintes. Certains japonnais ruraux en consomme jusqu’à 13 à 43 mg par jour ! ! Soit 28 fois les apports journaliers recommandés. Vous avez donc une certaine marge avant de tomber dans l’excès.
- Algues marines18
- Kombu : 135 000 mcg / 100g
- Wakame : 4 000 mcg / 100g
- Sel iodé : 20 mcg/g (ou 1 mcg si on considère 50 % d’évaporation et 10 % de biodisponibilité…)
- Poisson : de 8 à 200 mcg / 100g (cabillaud 1 17 mcg / 100g)
- Crustacés / coquillagues 92 mcg / 100g
- Crevettes : 41 mcg / 100g
- Cheddar : 42 mcg / 100g
- Oeuf19 : 24 mcg / oeuf
- Lait : 23 mcg / 100g
- Yaourt : 31 mcg / 100g
- Pomme de terre : 35 mcg / 100g
- Haricots en grain : 34 mcg / 100g
- Viande : 3 à 9 mcg / 100g (négligeable)
Se supplémenter
La recommandation journalière est de 150 à 200 mcg. Vous pouvez donc commencer par cette quantité, puis progressivement doubler (toutes les deux semaines). On laisse ainsi au corps le temps de s’adapter à cet apport massif d’iode, et on s’assure qu’il est bien supporté. Il n’est pas nécessaire de dépasser 4mg.
Vous pouvez prendre un complément d’iode pur, ou sous forme d’algues marines (souvent appelées « kelp »).
Si l’apport d’iode est suffisant et que la consommation de brome et de fluor est évitée, ces derniers devraient être évacués de l’organisme.
Les suppléments associés
Minéraux
D’une manière générale, un déséquilibre minéral perturbe de nombreux mécanismes vitaux, et l’iode et la thyroïde ne font pas exception. Corrigez autant que possible vos carences ou excès en minéraux.
SÉLÉNIUM
Le sélénium joue également un rôle important au sein de la thyroïde (synthèse des hormones T3 et T4). Se supplémenter en iode alors que l’on est déficient en sélénium pourrait aggraver la situation (et réciproquement). Au contraire, un apport de sélénium favorise l’absorption de l’iode.
Conclusion
Lors de l’analyse minéral de mes cheveux et de ceux de ma copine, nos niveaux d’iode étaient suffisant, mais faibles.

Je le redis : nous ne sommes pas face à une carence causée par un manque d’apport. Ce sont les polluants (fluor, chlore et brome) qui perturbent notre système en prenant la place de l’iode, nous laissant ainsi en situation de carence. Je n’utilise d’ailleurs plus de dentifrice depuis 6 mois, et mes dents sont pourtant toujours aussi belles et propres – c’est uniquement le brossage qui compte.
Compte tenu des rôles majeurs assuré par cet oligo-élément au sein du corps, nous (surtout moi, mais ma compagne est d’accord) avons donc décider de manger des algues marines une fois par semaine (une portion, par exemple 100g de kombu pour 2, probablement répartie sur plusieurs repas), afin de soutenir notre système thyroïdien. A suivre donc !
Si vous aussi, vous êtes fatigués, je vous invite à considérer la piste de l’iode, trop souvent ignorée.
Et vous ? Consommez-vous suffisamment d’iode ? Laissez moi un petit mot dans les commentaires.
- WHO : Iodization of salt for the prevention and control of iodine deficiency disorders
- Thyroid Hormone Activates Brown Adipose Tissue and Increases Non-Shivering Thermogenesis – A Cohort Study in a Group of Thyroid Carcinoma Patients
- Damaged Reproduction : The Most Important Consequence of Iodine Deficiency
- Interactions between thyroid disorders and kidney disease
- Consequences of dysthyroidism on the digestive tract and viscera
- Thyroid hormone induced oxygen consumption and glucose-uptake in human mononuclear cells.
- Iodine : deficiency and therapeutic considerations.
- Iodine status and its correlations with age, blood pressure, and thyroid volume in South Indian women above 35 years of age (Amrita Thyroid Survey)
- Iodine : deficiency and therapeutic considerations.
- Dietary iodine and risk of breast, endometrial, and ovarian cancer.
- Role of iodine in evolution and carcinogenesis of thyroid, breast and stomach.
- Iodine deficiency induces thyroid cancer in rats and mice
- Iodine deficiency activates antioxidant genes and causes DNA damage in the thyroid gland of rats and mice decrease in brain weight
- Effects of high-dose iodine on brain development in mice
- The new emergence of iodine deficiency in the UK : consequences for child neurodevelopment
- Hair Iodine for Human Iodine Status Assessment
- Low-level seaweed supplementation improves iodine status in iodine-insufficient women
- How much Iodine is in Seaweed ?
- Which foods contain a high level of iodine ?
Eh oui, il y a un siècle le Dr Gerson l’avait déjà remarqué… Depuis que fait on pour résoudre le problème…. on vend du Lévothyrox pour ceux qui sont mal. Cela ne résoud pas le problème mais cela fait du chiffre d’affaires…
Attention, dans la table ciqual on parle d’algues déshydratées, ce qui change beaucoup la concentration en iode du produit frais ou réhydraté. Saurais-tu combien ça fait dans ces cas là?
Ah non je ne saurais pas dire…
Bonjour,
Bravo pour cet article qui résume parfaitement l’essentiel sur l’iode. Il faut encore préciser que les personnes qui sont végétalienne doivent faire encore plus attention à la carence car les produits animaux et en particulier les poissons amène un bon niveau d’iode. Les femmes et particulièrement celles qui sont enceinte doivent vérifier leur taux d’iode, c’est primordial pour la bonne santé du bébé. Je vous recommande vivement le livre de Lynne Farrow qui est un des seul ouvrage en français sur la carence en iode et les conséquences désastreuses de la carence (Le cancer du sein dans son cas ) Sinon les travaux du Dr Brownstein qui est la référence en la matière mais en anglais. Ne passer pas à côté de ce sujet, il est primordial pour la santé. Votre thyroïde vous en remerciera !