Améliorer votre état de santé avec quelques exercices de respiration, ça vous semble intéressant ? C’est en tout cas ce que promet la thérapie selon le docteur Buteyko.
Un peu d’histoire (mais pas trop quand même)
Konstantin Buteyko était un médecin Russe. Dans les années 50, il met en théorie une relation entre la quantité de respiration et l’état de santé : plus on respire et plus la santé est dégradée. Partant de ce fondement, il pense que le phénomène peut être inversé : pourrait-on améliorer (=diminuer) la respiration afin de rétablir la santé ? !
Après des essais sur de nombreux patients (dont lui-même, car il était gravement malade), sa théorie se confirme et les résultats sont très prometteurs : l’asthme, l’hypertension et d’autres troubles s’amélioreraient gràce à ses exercices de respiration ! Sauf que… tous les grands califs de l’époque, qui recommandaient alors de respirer profondémment, n’avaient nullement l’intention de se laisser ridiculiser par cette trouvaille hérétique. C’est ainsi que ces travaux furent arrêtés et qu’il fût interdit de toute publication ou conférence.
Malgré une forte répression, le docteur Buteyko continua tant bien que mal (il reçu de fortes pressions et de nombreuses menaces) de faire profiter des milliers personnes de sa thérapie miracle. En 1983, sa méthode fût enfin reconnue par le ministère de la santé Russe (soit 25 ans après). Bien entendu, elle ne sera pas appliquée car le corps médical conservateur aura pris le soin de la cacher sous le tapis.
Les grands pontifs de la medecine conservatrice possèdent une puissance telle que cette méthode reste aujourd’hui très controversée : les études sur le sujet restent anectdotiques. Je vais laisser cette controverse de côté un moment (et oui, j’y reviendrais !) afin qu’on examine de plus près la fameuse théorie sur laquelle Buteyko fonde ses exercices de respiration.
Parce que quand même, si quelques exercices de respiration permettent d’améliorer l’état de santé, ce serait vraiment bête de passer à côté !
La théorie
L’effet Bohr est la diminution de l’affinité de l’hémoglobine pour l’oxygène (O2) lors d’une augmentation de la pression partielle en dioxyde de carbone (CO2) ou d’une diminution de pH (les deux étant liés).1

Cela signifie que plus on a de CO2 dans le sang, mieux l’oxygène parvient aux organes et tissus. Cette corrélation est établie depuis 1904. Ce qu’à fait Konstantin Buteyko, c’est lier ces paramètres à la fréquence respiratoire : respirer trop fait diminuer le taux de CO2, ce qui empêche l’oxygénation des tissus. Pour plus d’informations sur ce mécanisme, vous pouvez consulter mon article sur l’hyperventilation.

Partant de cette théorie, les exercices de respiration ont pour but de transformer les respirations tendues, profondes et rapides en respirations conscientes, légères, lentes et décontractées. La première étape est commune à presque tous les exercices de respiration : apprendre à respirer calmement par le diaphragme. Ensuite sont introduit la réduction du volume respiratoire, les respirations avec blocage, etc.

Des explications qui ont du sens… (mais qui restent à vérifier)
Ce serait donc un problème d’entrainement : plus on hyperventile, et plus le corps devient « résistant » au CO2 : le moindre manque d’oxygène provoque le besoin de respirer. Si on entraine le corps à respirer moins, il va s’adapter et tolérer des niveaux de CO2 plus élevés (et donc plus bénéfiques).
En suivant cette théorie, on pourrait supposer que l’asthme est en fait un mécanisme de défense du corps : vous respirez trop, et l’asthme essaye de vous faire respirer moins. De même, lorsque l’on fait de l’apnée du sommeil, l’hyperventilation fait baisser le niveau de CO2 dans le sang à un niveau qui devient dangereux pour le corps : ce dernier refait le plein en bloquant la respiration.
Lorsque l’on fait de l’exercice, l’énergie produite par les muscles provoque l’augmentation du CO2 dans le sang (d’où la nécessité de respirer plus pour l’évacuer). Ainsi, l’exercice nous est bénéfique car il nous entraine à tolérer une plus grande quantité de CO2 (parmis d’autres bénéfices).
On observe également souvent que les athlètes respirent plus calmement et son capables de retenir leur souffle plus longtemps que la pluspart des gens. A l’inverse, lorsque les personnes en mauvaise santé sont contraintes à un effort physique, c’est souvent le souffle qui fait défaut en premier (avant les muscles !).
Lorsque l’on respire trop et trop profondément, c’est habituellement la cage thoracique qui actione la respiration. Pourquoi ? parce que le manque de CO2 raidit le diaphragme afin de nous faire respirer moins. La respiration thoracique feinte ce mécanisme.
Lorsque l’on s’alimente mal, le corps est globalement trop acide (pH plus faible) et doit se débarrasser des ions H+ en surplus. Comme la quantité de CO2 et d’ions H+ sont directement liés, hyperventiler est une des solutions qui permet de faire diminuer la quantité d’ions H+, et donc faire remonter le pH. L’hyperventilation pourrait donc être une conséquence directe d’une mauvaise alimentation.

Les théories ci-dessus ne sont pas forcément vraies, ne les prennez pas pour acquises. Par contre, elles permettent de s’intérroger sur les mécanismes du corps, ce que je considère important.
La controverse
On ne nous apprend pas à manger équilibré (ou alors ce n’est pas le bon équilibre), on ne nous apprend pas non plus à méditer, ni même à respirer. Ce qu’on nous apprend, c’est d’aller chez le docteur quand on est malade, et ensuite prendre des médicaments pour aller mieux. Alors oui, ça marche, mais peut-être que si on mangeait bien et si on respirait mieux, on ne serait pas tombé malade en premier lieu…
Bref, je pourrais tenir des heures sur le sujet mais je ne veux pas alourdir l’article. D’un côté, il est facile de montrer que la méthode Buteyko manque de preuves. De l’autre, il est évident qu’aucun laboratoire ne souhaiterait qu’une telle thérapie voit le jour… Il y a certes très peu d’étude sur le sujet, mais il n’y a pas non plus d’étude qui prouve que ça ne marche pas. Au final, ce n’est pas un cas isolé : presque toutes les solutions « alternatives » ont le même problème.
Cela étant dit, quand on recherche Buteyko sur la toile, on a souvent l’impression de tomber au milieu d’un business, et l’information gratuite n’est pas si simple à trouver. Je trouve ça dommage, voire même suspect, et je pense que cela ne dessert pas la méthode.
Mais je ne tirerai pas de conclusion, si ce n’est que cette méthode mérite d’être essayée. Il serait dommage de passer à côté simplement parce que les détracteurs ont bien fait leur boulot.
Conclusion
Une théorie très controversée donc, et qui vaut ce qu’elle vaut. Dans tous les cas, commencer par apprendre a respirer calmement par le diaphragme est une bonne chose et je pense que tout le monde devrait le faire. Ensuite, de nombreux moines et/ou yogi pratiquent des exercices similaires (comme retenir son soufle) et ils apportent à minima un aspect méditatif. Il n’y a pas de danger ni d’argent à dépenser… (sauf si vous le souhaitez) Bref, qu’attendons nous ?
De mon côté, j’ai commencé à pratiquer les exercices : je vous les expliquerai dans un prochain article, et j’ai plein de retours à vous faire très prochainement. Stay tuned !
Edit – voici les exercices de respiration.
Et vous, que pensez vous de cette théorie ? Laissez moi votre idée dans les commentaires !
Article encore une fois très intéressant !!
Je rejoins cette théorie, car J ai eut la chance de pratiquer le qi gong. Même en fauteuil roulant je l ai continué. Basé sur des exercices simples, qui marient respiration et mouvements doux. Que de bien ça faisait !! Donc oui, la maîtrise de la respiration est une piste à suivre.
Merci pour le partage, j’en étais sûr! Mais par contre je pensai que respirer profondément était une bonne chose. En tout cas je me doutais bien qu’il y avait un lien de cause à effet avec la santé. Une respiration bien maîtrisée apporte aussi des résultats dans d’autres domaines, tel que la performance cognitive ou intellectuelle. C’est ma conviction
Je partage votre vision, mais ceci manque encore de preuves..